Union économique Belgo-Luxembourgeoise - UEBL


Historique - Geschichtlicher Überblick
2.1921

Revue des journaux
De l’Est Républicain de Nancy sous le titre: Le camouflage allemand:

Luxembourg, le 3 février 1921. L'Allemagne prépare en ce moment une grande offensive économique qui, aux yeux de ceux qui en dirigent les destinées, doit être sa véritable revanche. Mais comment les industriels et les commerçants d’outre-Rhin espèrent-ils reconquérir la Belgique et la France, dont le marché leur a été arraché par la victoire des Alliés? Depuis que l’Alsace-Lorraine a fait retour à la France et que la Belgique, toute frémissante encore de l’outrage qui lui a été fait en 1914, se refuse à toute compromission et oppose à toutes avances un refus intransigeant, un rempart de granit se dresse depuis la Suisse jusqu’à la frontière hollandaise. Il s’agit de trouver dans cette chaîne infranchissable de bastions et de contreforts un point de moindre résistance, un point de suture que la Belgique et la France ont négligé de cimenter et qu’il sera facile de battre en brèche. Ce point, c’est le Luxembourg. Il constitue dans la ligne de front une enclave neutre. Les Allemands se sont aperçus, que ce petit pays, détaché du Zollverein depuis l’armistice, vit dans un isolement économique qui favorise ses projets. Ni la France, ni la Belgique ne semblent vouloir se hâter de conclure avec le petit pays des accords économiques et de l'entraîner dans leur orbite. C'est donc là qu'il faut porter le grand coup et opérer la percée. Ce sera, sur le terrain économique, une répétition de ce qui s’est passé en août 1914. Comprenant le parti qu’il pouvait tirer de la trouée du Luxembourg, l’état-major allemand avait réussi à faire du Grand-Duché un véritable guet-apens en y entassant ses corps d’armée. Ce ne sont plus des corps d’armée, mais des marchandises que l'Allemagne cherche à y entasser aujourd’hui, afin de les écouler. .. sous le pavillon de la neutralité, ci: France et en Belgique. Ce sera de bonne guerre, et après cc qui s’est passé après le referendum luxembourgeois, les Belges et les Français seraient mal venus à s’en plaindre.
Ce n’est que la France n’ait pressenti le danger de la nouvelle invasion. Aussi y a-t-elle paré de son mieux. Dès le lendemain de l’armistice, plusieurs consortiums d’industriels français et belges ont acheté les usines que les Allemands avaient construites et exploitées dans le pays avant et pendant la guerre. Les vastes usines de Differdange appartiennent aujourd’hui à la «Hadir». société à capital presque exclusivement français: celles que la société de Gelsenkirchen possédait à Esch-sur-Alzette ont passé au consortium franco-belge des Terres-Rouges; et celles de Steinfort ont été acquises par la société française des «Chantiers de la Loire». Toutes les autres usines du pays appartiennent à l'Arbed, la puissante société métallurgique à capital belgo-luxeinbourgeois. De ce côté donc toutes les mesures ont été prises pour empêcher une nouvelle main-mise de l’Allemagne sur l’industrie luxembourgeoise. Ce n’est pas tout. Le gouvernement français a établi à Luxembourg une section économique française qui n’a pas seulement pour but de faciliter les relations industrielles entre le Luxembourg et la France et d’établir le contact entre les producteurs français ou luxembourgeois avec les consommateurs des deux pays, mais encore de surveiller le départ des marchandises par le moyen des certificats d’origine. Il ne suffit pas qu’une marchandise parte de Luxembourg pour qu’à son entrée en France elle bénéficie du tarif minimum; l’expéditeur doit fournir la preuve qu’elle n’a pas été confectionnée en Allemagne.
Cette surveillance est d’autant plus nécessaire que les Allemands sont passés maîtres dans l'art du camouflage.
(L’auteur de l'article reproduit ici en partie l'article paru dans nos colonnes le 1er février dernier, sous la signature de «Cassandre»).
Il conclut ensuite:
Mais comme la section économique française établie à Luxembourg déjoue toutes les tentatives de fraude entreprises par les sociétés camouflées qu’ils ont fondées à Luxembourg, les industriels allemands se sont avisés d’une solution plus radicale. Au lieu de se contenter de créer des comptoirs et des dépôts, ils viendront fabriquer leurs marchandises dans le Luxembourg même. L’AEG ou «Allgemeine Elektrizitäts-Gesellschaft». qui a son siège à Berlin, vient d’acheter un vaste immeuble dans la rue du Nord pour y fonder une filiale. La puissante société est en train de l'aménager et on annonce que, dès le mois prochain, plus de 100 employés seront installés dans les bureaux. Son exemple est suivi par la grande société berlinoise d’installations électriques «Siemens et Schuckert», qui vient d’acheter un autre immeuble dans la rue de l’Arsenal. Aussi sait-on qu’en ce moment il y a à l’Hôtel Brasseur environ 40 ingénieurs allemands impatients d’exécuter les ordres qui leur viennent de Berlin. L’intérêt qu’ont les grandes maisons allemandes à s’installer dans le Grand-Duché, est trop évident. Elles font partir ainsi leurs capitaux d’Allemagne et diminuent ainsi la fortune imposable de l’Empire. Ces capitaux deviennent des capitaux luxembourgeois sur lesquels les Alliés n’ont plus aucun contrôle. Ces maisons savent qu’on achète plus facilement à Luxembourg qu’à Mayence, sans compter que leurs capitaux travaillent dans de meilleures conditions qu’en Allemagne et produisent des intérêts en francs français ou luxembourgeois, au lieu de produire des intérêts en mark. De plus, les marchandises fabriquées à Luxembourg paient à la douane française le tarif minimum au lieu du tarif maximum, et la différence est de cinquante pour cent. Et qui sait si les Allemands ne voient pas plus loin que les Luxembourgeois eux-mêmes et n’escomptent pas une alliance économique franco-luxembourgeoise, qui, si nos hésitations favorisaient la réalisation de leurs projets, affranchirait leurs produits industriels de toute espèce de droits d’entrée?

Jean de Crécy.


Du Neptune, sous le titre: Notre enquête sur l’union économique avec le Grand-Duché de Luxembourg, et le sous-titre: Ce que disent les «transformateurs» belges. — MM. Demerbe et Catteau exposent au «Neptune» leur avis. — «Au lieu de crier halte, dit le second, que les producteurs belges et luxembourgeois s’entendent» : Soucieux de rassembler sur la question de l’union économique avec le Grand-Duché une documentation précise, le «Neptune» désire mettre sous les yeux de ses lecteurs tous les arguments pour et contre. Après avoir publié nos conversations avec M. Greiner, avec M. le ministre d’Etat Reuter et les sommités du monde sidérurgique luxembourgeois, il nous reste à exposer ce que pensent les industriels transformateurs belges de l'importante question qui nous occupe.

Chez M. Demerbe directeur des Forges de Jemappes

Mieux que personne, M. le sénateur Demerbe directeur-gérant des forges et laminoirs de Jemappes, pourra nous exprimer une opinion de valeur. Sa grande compétence en matière métallurgique, sa réputation d’organisateur donnera un poids tout spécial aux arguments par lui avancés. Très affablement. M. Demerbe nous reçoit dans son cabinet de travail situé au pied même de l’usine qu’il dirige. Les réponses qu’il va nous faire, brèves mais précises dénotent chez leur auteur un caractère de business man accompli.
-  Dans quelle mesure, M. le sénateur, les usines belges de produits finis et demi-finis ont-elles besoin de la fonte luxembourgeois?
- Dans une mesure très réduite, puisque les aciéries belges produisent elles-mêmes leur fonte; mais pour les usines transformatrices les quantités de fonte luxembourgeoise sont assez importantes.
 - Si l’union économique ne se fait pas, les usines transformatrices devront-elles renoncer à la fonte luxembourgeoise?
- Non, mais si des tarifs prohibifs étaient établis, son utilisation serait moins importante.

Avant de poursuivre notre entretien, nous croyons utile de demander à notre interlocuteur si les producteurs de fonte qui s’opposent à l’union économique représentent une portion considérable de la métallurgie belge?
- Oui, certainement, ces producteurs forment une majorité importante.
- A votre avis, les craintes au sujet de la concurrence luxembourgeoise sont-elles fondées?
- Oui, si les grandes usines métallurgiques n’obtiennent pas de tarifs spéciaux qui leur permettront de transporter leur minerai à des prix plus favorables.
Nous demandons alors à M. Demerbe quelle est son opinion au sujet de l’union économique. Avant de nous la donner, notre aimable interlocuteur tient à nous faire remarquer qu'il ne veut pas s’insurger contre les avis émis par les métallurgistes belges. Vous interrogez, nous dit-il, un directeur d’usine transformatrice, c’est ce directeur qui nous répond.
Au point de vue où je me place, c’est- à-dire en qualité de transformateur, l’accord est souhaitable, puisque la fonte luxembourgeoise nous est fournie actuellement à meilleur compte qu’en Belgique. Je conçois que l'accord suscite des appréhensions chez les grands producteurs de fonte et d’acier, je vous l’ai déjà dit, mais il y aurait une solution bien simple, c’est que des tarifs spéciaux pour le transport du minerai de ces industries soient établis.


Avant de quitter M. Demerbe nous lui avons demandé si la crise économique qui sévit actuellement en Belgique atteint particulièrement son industrie?

Notre usine occupe 750 ouvriers travaillant en 3 équipes de 8 heures. La crise se fait sentir très fortement par suite du manque de commandes et des prix excessivement réduits que font précisément les aciéries qui, situation singulière, en même temps qu’elles nos concurrentes en produits finis, sont nos fournisseurs et produits demi-finis. J’ajoute que nous ne travaillons que 5 jours par semaine.
Ces paroles expliquent encore l’intérêt des transformateurs à pouvoir s’alimenter en demi produits au Grand-Duché. Sur ces dernières explications notre entretien avec M. Demerbe a pris fin.

Ce que dit M. Catteau, directeur des usines de Nimy
Allons-nous nous en tenir au seul avis de M. Demerbe? Non! La question trop importante vaut d’être étudiée à fond. Voyons ce que dit M. Catteau, une autre transformateur qui, s’il est plus jeune que notre premier interlocuteur n’en possède pas moins une grande connaissance de la cause. L’usine pour la fabrication de tubes laminés qu’il dirige avec compétence occupe 150 ouvriers. Au mois de mars, le laminoir qui fut endommagé par les Allemands sera réparé et l’usine aura alors un personnel de 900 ouvriers. Là aussi, la crise se fait sentir. Depuis trois semaines cependant, une légère amélioration s’est produite. M. Catteau juge qu’il serait logique de connaître les hauses de l’accord économique pour pouvoir juger de ses défauts ou de ses qualités. De plus, à son avis il serait désirable que les principaux industriels métallurgistes soient entendus par les négociateurs et que même ils puissent assister ceux-ci à titre de conseillers techniques.
- Tout accord, dit-il, aurait pour résultat d’augmenter les sources d’approvisionnement non seulement par la concurrence des prix, mais par la concurrence des produits.
- Quelle est votre opinion sur l’accord économique
- Cet accord doit se faire, car je fais miennes les appréhensions de M. Dieudonné au sujet du port d’Anvers. Si les affirmations de M. Greiner sont exactes, je conçois l’inquiétude du groupe métallurgistes qu’il représente. Mais en ce cas, au lieu de crier halte, il serait plus simple d’arriver à une entente entre les producteurs belges et luxembourgeois pour la fabrication de spécialisations. D’autre part, le gouvernement devrait rétablir certains tarifs spéciaux qui auraient pour conséquence de parer au désavantage de la concurrence grand-ducale. Cette dernière remarque nous incite à demander à M. Catteau si la concurrence allemande se fait sentir sur notre marché intérieur.
- Le ralentissement des commandes provient surtout de la concurrence: allemande, non seulement en Belgique, mais sur les marchés d’exportation. Les Allemands accordent en ce moment-ci des crédits extraordinaires allant jusqu’à un an, nous évinçant ainsi, nous, dont les ressources budgétaires sont restreintes.

Telle est, fidèlement reproduite, la conversation que nous avons eue avec MM. Demerbe et Catteau. Comme nous le disions à la fin de notre première enquête au Luxembourg, nous donnons ces comptes-rendus le plus impartialement qu’il est possible, dans le but d’instruire complètement les Luxembourgeois et nos compatriotes sur les modalités nécessaires d’un accord économique qui, à notre avis, s’impose pour une foule de raisons supérieures aux intérêts respectables sans doute, mais temporaires et limités, d’une partie des industriels belges.

Ch. Coilin

(LIL: 10.2.1921)

1921/1922

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Union économique Belgo-Luxembourgeoise - UEBL

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